6.207 enfants étaient non-scolarisés dans le territoire en 2020, c’est ce que dévoile une récente étude de l’INSEE Guyane. Cela représente 7% de l’ensemble des enfants, un taux deux fois plus élevé que dans l’Hexagone. Une non-scolarisation qui touche davantage les 3-5 ans, les enfants de la Guyane non-routière, ainsi que les enfants nés à l’étranger. La structure familiale influe beaucoup sur la non-scolarisation des enfants.

Les enfants âgés de 3 à 16 ans représentent 30% de la population de la Guyane en 2020, parmi eux 7% ne sont pas scolarisés, soit 6.207 enfants (contre 4% dans l’Hexagone). La non-scolarisation varie en fonction de la tranche d’âge. “Avec 2.556 enfants concernés, la tranche des 3 à 5 ans affiche le taux de non-scolarisation le plus élevé (14%). En France métropolitaine, cette tranche d’âge est également la plus concernée mais dans une moindre mesure (8%). Les enfants en âge d’être au collège, de 12 à 16 ans, sont 2.142 à être non-scolarisés, soit une proportion de 7% équivalente à la moyenne régionale”, indique l’INSEE Guyane dans son analyse.

La non-scolarisation varie également en fonction des EPCI. Alors que l’Ouest guyanais regroupe 40% des enfants de 3 à 16 ans, cet EPCI affiche un des taux de non-scolarisation les plus élevés (10%) avec en tête la commune de Grand-Santi (24% d’enfants non-scolarisés). Si l’Est Guyanais ne regroupe que 3% des enfants âgés de 3 à 16 ans, ce territoire présente le taux le plus élevé de non-scolarisation (11%). Un phénomène accentué par l’isolation de ces communes. “Sur les 8.361 enfants de 3 à 16 ans recensés en Guyane non-routière, 1.322 ne sont pas scolarisés, soit un taux de non-scolarisation de 16%, près de trois fois supérieur à celui de la Guyane routière”, observe l’INSEE.

Ce sont les 12-16 ans qui pâtissent le plus de cette situation. “Sur les 31 collèges recensés en Guyane, 4 se situent en Guyane non-routière. Cette non-scolarisation élevée est liée en partie au déracinement familial vécu par les enfants au moment de leur entrée au collège. En Guyane, dans la plupart des cas, l’entrée au collège nécessite un déménagement qui peut engendrer une perte de repères synonyme de décrochage scolaire. Le nombre important de grossesses précoces chez les mineures peut également contribuer à ce taux élevé de non-scolarisation. En effet, le recours à l’interruption volontaire de grossesse chez les femmes âgées de 15 à 17 ans en Guyane (17,5%) est quatre fois plus élevé qu’en France métropolitaine (4,7%)”, explique l’INSEE.

Les enfants nés à l’étranger sont trois fois plus touchés par la non-scolarisation. L’INSEE explique cela par la difficulté d’obtention des documents exigés à l’inscription et la barrière de la langue. Les enfants de parents inactifs sont également plus souvent non-scolarisés (14%), soit deux fois plus que pour les enfants qui comptent au moins un parent actif. La structure familiale influe également sur la non-scolarisation des enfants, 8% d’entre-eux vivent en famille monoparentale.” En Guyane, parmi les familles monoparentales ayant un enfant âgé de 3 à 16 ans, 20% des parents sont inactifs contre 9% des parents parmi les couples. De même, la proportion de parents ayant un niveau de diplôme supérieur au Baccalauréat est plus élevée dans les couples (23%) que dans les familles monoparentales (14%)”, observe l’INSEE. Par ailleurs les conditions de vie matérielles et la qualité du logement influent sur le taux de non-scolarisation. “Ce dernier atteint 20% chez les enfants vivant dans un logement n’ayant pas d’eau, ni électricité, ni sanitaires, ni évacuation des eaux usées. Plus le logement remplit un nombre important de critères liés au confort, plus le taux de non-scolarisation des enfants habitants dans ces logements diminue. Ainsi, pour les enfants vivants dans des logements vérifiant tous les critères de salubrité évoqués précédemment, le taux de non-scolarisation est quatre fois plus faible (5%)”, indique l’INSEE.

(Claudia Ledezert)