L’Agence d’Urbanisme et de Développement de la Guyane (AUDeG) a réalisé une étude sur l’urbanisation spontanée et ses conséquences dans six communes : Cayenne, Macouria, Montsinéry-Tonnégrande, Roura et Papaïchton. Un phénomène qui a ralenti dans la CACL, qui touche des secteurs stratégiques de développement et les zones agricoles.

L’Agence d’Urbanisme et de Développement de la Guyane (AUDeG) étudie l’urbanisation spontanée en Guyane depuis plus de 20 ans, afin de mesurer l’évolution de ce phénomène, mais aussi les conséquences sociétales, financières, ainsi que les enjeux urbains. La dernière étude réalisée à ce sujet a été publiée en décembre 2023. Elle porte sur six communes du territoire, Cayenne, Macouria, Montsinéry-Tonnégrande, Roura et pour la première fois Papaïchton.

L’AUDeG définit l’urbanisation spontanée par une construction de plus de 20 m2 bâtie sans autorisation d’urbanisme pouvant revêtir des formes et situations variées : -habitat, hangar agricole, local commercial, entrepôt… – milieu urbain, péri-urbain ou rural ; – densités variables (diffus ou dense) ; – secteurs pouvant être constructibles ou non ; – constructions de qualité bonne, précaire ou indigne. Sur les 5 communes de la CACL, l’AUDeG recensait en 2019 21.914 bâtis, soit 33% des constructions existantes (11% à Cayenne, 77% à Roura et Montsinéry-Tonnégrande). À Papaïchton, 1.243 bâtis spontanés ont été répertoriés, soit 87% des constructions présentes.

Entre 2015 et 2019, l’AUDeG constate un ralentissement du taux de croissance de l’urbanisation spontanée dans les 5 communes de la CACL, en passant de +7,6% à +1,8%. “L’explication tient en partie des 2.652 constructions spontanées recensées en 2015 et qui n’existent plus en 2019, en lien avec les nombreuses opérations d’évacuation et de démolition”, indique l’Agence. Un type de construction qui entraîne de nombreuses conséquences sur le territoire. Des constructions qui mettent en danger leurs occupants. “Sur les 5 communes de la CACL étudiées, 11% du bâti spontané est situé dans un secteur de risque entrainant l’inconstructibilité (2.408 bâtis spontanés). Cette part est particulièrement importante à Macouria (19,7%), notamment en raison du risque d’inondation auquel est soumise une partie de Sablance. 24,3% des constructions spontanées se trouvent dans des secteurs d’habitat potentiellement indigne. Matoury est la commune la plus impactée (39,6%). Les secteurs cumulant exposition à des risques et présence d’habitat indigne sont identifiés comme critiques. Sur les 5 communes de la CACL étudiées, 5,7% des constructions spontanées se trouvent dans des secteurs critiques, soit 1.239 bâtis spontanés mettant en danger leurs occupants”, indique l’AUDeG.

30% du bâti spontané se situe dans des secteurs stratégiques de développement, (programme de renouvellement urbain, opération d’intérêt national, zones d’activités, etc.), “risquant de freiner voire rendre impossible l’opération d’aménagement projetée”, pointe l’Agence. Les zones agricoles sont également touchées. “Sur les 5 communes de la CACL étudiées, 6.577 constructions spontanées sont situées dans des zones agricoles, soit près de 500 nouvelles constructions édifiées en 4 ans (+2%, contre +5,9% depuis 2001). On relève un mitage des terres agricoles important à Montsinéry-Tonnégrande (85%) et Macouria (57%), majoritairement opéré à des fins résidentielles”, évalue l’AUDeG. L’urbanisation spontanée se développe également sur des terrains privés. “Sur les 5 communes de la CACL étudiées, 71% de l’urbanisation spontanée se développe sur des terrains privés et 17% sur des terrains d’État. Pour Papaïchton il s’agit pour 94% de foncier communal”, peut-on lire.

(Claudia Ledezert)