La direction générale des territoires et de la mer, des services de l’État, a mis en ligne l’observatoire photographique des paysages (OPP) de Guyane. Un projet initié avec le soutien de l’agence d’urbanisme et de développement de la Guyane, qui comprend 320 points de vue.

Avant. Après. Et puis encore après. Voilà comment pourrait-on résumer le principe d’un Observatoire Photographique du Paysage. Il consiste en effet à effectuer des prises de vues sur un territoire donné, qui seront par la suite re-photographiées à intervalles réguliers. « Ainsi, seront mis en évidence les signes qui permettent de lire les évolutions du paysage et mieux les comprendre » promet le nouvel observatoire photographique des paysages de Guyane, récemment mis en ligne. « Les photographies de cet observatoire correspondent à des paysages naturels et/ou urbains » indique la préfecture de la Guyane dans un communiqué daté du 17 octobre dernier. L’Observatoire Photographique du Paysage est un outil de connaissance mis librement à disposition de la population. Son élaboration est initiée par la Direction Générale du Territoire et de la Mer (DGTM) avec le soutien de l’Agence d’Urbanisme et de Développement de la Guyane (AUDeG) comme assistant à maîtrise d’ouvrage.

C’est le ministère de la Transition Écologique qui a défini la méthode à adopter. Les conditions de prises de vue sont précises : à hauteur d’homme, dans un lieu public… Et chaque cliché comporte une fiche de renseignement comprenant tous les détails de la prise de vue : coordonnées GPS, plan de localisation, croquis de localisation, ainsi que toutes les données fournies par l’appareil photo, que l’on appelle dans le jargon, les métadonnées. « Cette fiche a pour but d’avoir un maximum d’informations pour pouvoir effectuer ultérieurement une reprise photographique strictement identique à l’image originelle. Cette méthode garantit une homogénéité pour l’ensemble des Observatoires Photographiques des Paysages du territoire français » peut-on lire sur le site de l’Observatoire.

« L’Observatoire Photographique du Paysage (OPP) hérite d’une histoire des représentations qui lie la photographie aux pratiques aménagistes. Au tournant des années 90, il introduit comme objectif le suivi des évolutions territoriales. La photographie n’est plus seulement communicationnelle, elle devient un médium au service de la connaissance des territoires pour « analyser les mécanismes et les facteurs de transformations des espaces ainsi que les rôles des différents acteurs qui en sont la cause de façon à orienter favorablement l’évolution du paysage » (communication en conseil des ministres de 1989) » explique le ministère de la Transition Écologique. 

En 2009, la DEAL avait réalisé un Atlas des Paysages de la Guyane, dont l’OPP de Guyane est la valorisation directe. Cet Atlas identifie onze unités paysagères distinctes sur le territoire, permettant à la fois de relever et de qualifier la diversité des paysages. Il a ainsi été déterminé 320 points de vue, afin de couvrir correctement l’ensemble des unités paysagères. Les prises de vues régulières permettent de mettre en évidence les évolutions du paysage et de mieux les comprendre. « La fréquence des reprises photographiques est déterminée en fonction des dynamiques et enjeux locaux décrits par la photographie. Par exemple, si le cliché décrit le début d’un grand aménagement, les reprises seront plus fréquentes (tous les six mois). En revanche, si la photo décrit un paysage naturel tel qu’un inselberg (relief isolé qui domine une plaine, ndlr) peu susceptible d’évoluer, la reprise pourrait être prévue tous les deux ans ou plus » précise l’OPP de Guyane. 

Quant au fonds photographique de départ, il provient d’une campagne de recherche de cartes postales anciennes lancée auprès de la population, une fois les 320 points de vue définis. « Plusieurs dizaines d’entre elles ont été sélectionnées et reprises dès la première campagne photographique. C’est le point de départ de la valorisation de ce projet avec les premières images « avant-après ». Les techniques photographiques ayant évolué, la reprise n’est pas identique au document originel mais tout est mis en œuvre pour s’en rapprocher au maximum » décrit l’OPP.

Selon la préfecture, l’observatoire apporte un regard parfois incisif sur les contradictions et les ruptures du paysage contemporain, et pourra amener à prendre certaines mesures correctrices en termes d’aménagement. Ceci rejoint ce qu’explique le Ministère de la Transition Écologique : « L’accumulation dans le temps renseigne sur la transformation d’un territoire : l’impact du changement climatique sur une forêt, de l’implantation d’une infrastructure, de la revitalisation d’un bourg, de l’étalement urbain, de l’évolution du trait de côte, etc. En cela, l’OPP est à la croisée de toutes les problématiques actuelles, qui sont autant de sujets d’intervention publique. Ce fonds photographique permet alors d’analyser les mécanismes et les facteurs de transformations ainsi que les rôles des acteurs qui sont en cause dans toutes ces thématiques. Les photographies sont autant de possibilités d’illustrer des problématiques d’aménagement impactant le paysage afin d’ouvrir le débat local. Sa fonction d’évaluation de l’impact des politiques publiques est cruciale et fait de l’OPP un outil d’analyse pour les acteurs de l’aménagement et de l’urbanisme d’aujourd’hui et de demain ».

(Fanny Fontan)