7 ans après sa première visite, quelques semaines après les mouvements sociaux de 2017 qui avaient secoué le territoire, Emmanuel Macron était de retour en Guyane pour moins de 48 heures. Une visite très attendue face aux très nombreuses problématiques actuelles : insécurité, pression migratoire, désenclavement, vie chère, enjeux environnementaux… Le président de la République était très attendu également sur les questions de l’évolution institutionnelle et de l’orpaillage illégal.

L’avion du président de la République s’est posé sur le tarmac de l’aéroport Félix Éboué lundi 25 mars au matin. Il s’agit de la seconde visite d’Emmanuel Macron, sept ans après son premier passage sur le territoire après les mouvements sociaux de 2017. À sa descente de l’avion, le président a affirmé lors d’une conférence de presse que la “quasi totalité” des engagements pris dans les Accords de Guyane ont été tenus, ou sont encore en train d’être déclinés. “Je pense à la prison ou quelques investissements de long terme”, a déclaré le président aux micros des journalistes. Une visite très attendue, notamment par les élus qui espèrent une main tendue de l’État face aux multiples problématiques qui touchent le territoire : sécurité, lutte contre l’orpaillage illégal et contre le trafic de stupéfiants, agriculture, pêche, aérospatial, coopération régionale… Des enjeux qui demeurent et dont M. Macron s’est dit “conscient”.

Première étape de cette visite la place des Palmistes, pour rendre un hommage au major Arnaud Blanc, décédé il y a un an, au cours d’une opération de lutte contre l’orpaillage illégal, un sujet qui est revenu plusieurs fois durant ces deux jours. Emmanuel Macron souhaite une nouvelle stratégie de la mission Harpie, “nous devons bâtir d’ici trois mois une nouvelle génération”, a-t-il déclaré en conférence de presse. Le président s’est également dit favorable à une filière d’orpaillage légal.

Comme pour la lutte contre l’orpaillage illégal, le président a rappelé les coopérations établies avec les pays voisins dans la lutte contre le trafic de drogue, l’insécurité et l’immigration clandestine. Une visite endeuillée par le décès de trois personnes dans l’incendie d’un squat à Baduel, où il s’est par la suite rendu. Durant son séjour, le président a parlé d’une nouvelle stratégie de lutte contre la criminalité qui doit s’adapter aux nouvelles filières criminelles transfrontalières. M. Macron a également pu constater le dispositif 100% contrôles à l’aéroport, les élus ont rappelé la problématiques des discriminations qu’il engendrait. “Le président de la CTG a tenu à exprimer au président de la République, la volonté de la population que les contrôles soient menés de façon équitable, sans donner le sentiment d’une quelconque discrimination entre passagers. En réponse à cette demande, le président de la république a requis la communication des critères établis dans le cadre de ce dispositif”, indique le communiqué de la Collectivité.

Plusieurs annonces ont été faites pour les filières agricole et halieutique. Concernant l’agriculture, Emmanuel Macron a rappelé l’importance de produire davantage sur le territoire, il a annoncé une clarification du cadre européen et le déblocage d’une aide de 250.000 euros par an à la Safer qui gère le foncier, distribuée à par égale par l’État et la CTG. Concernant la pêche, le président accompagné durant son déplacement par le secrétaire d’État chargé de la Mer Hervé Berville, a annoncé l’intensification des contrôles pour lutter contre la pêche illégale et notamment la destruction des navires concurrents, de nouveaux outils tels que le renouvellement de 25 bateaux dès cette année dont des navires de plus de 18 mètres pour la pêche hauturière, et la fin de la taxation sur le vivaneau guyanais à l’import. Sur le désenclavement, le président a rappelé son souhait de finaliser la route entre Papaïchton et Maripasoula, qui devrait être abondée de 30 millions d’euros supplémentaires.

Enfin, le président a abordé la question de l’évolution institutionnelle avec les élus. Lors d’une interview accordée à trois journalistes, Emmanuel Macron a affirmé son souhait d’aller vite et de travailler ensemble dans les six prochains mois, pour aboutir à un projet commun qui sera porté par les Guyanais.

Après sa visite, Emmanuel Macron s’est envolé pour le Brésil pour un déplacement de trois jours, avec l’environnement comme thématique principale.

(Claudia Ledezert)