Dans un dossier intitulé “Égalité femmes-hommes : chiffres-clés de Guyane” publié la semaine passée par l’INSEE, nous lisons que malgré le fait qu’elles soient plus diplômées, qu’elles soient plus nombreuses et qu’elles aient une espérance de vie supérieure aux hommes, les femmes guyanaises rencontrent davantage de difficultés sur le marché de l’emploi. Moins bien payées, plus exposées au chômage, elles sont également plus concernées par la monoparentalité que les hommes.

Sur une population de 285.100 habitants (recensement de janvier 2020), les femmes représentent 51,2% de la population guyanaise (146.000), contre 48,8% (139.000) pour les hommes. “Alors que les personnes de moins de 30 ans sont un peu plus souvent des femmes (50,6%), elles sont encore plus surreprésentées parmi les 75 ans et plus (58,5%), leur espérance de vie à la naissance étant supérieure (83,4 ans contre 76,8 ans en 2020)”, indique l’INSEE dans son dossier.

Les femmes guyanaises sont davantage concernées par la monoparentalité. “En 2020, dans la région, 30,6% des femmes de 25 à 34 ans et 35,1% de celles âgées de 35 à 49 ans vivent sans conjoint et avec un ou plusieurs de leurs enfants, contre seulement 4,2% et 6,6% des hommes. Entre 25 et 34 ans, les femmes sont plus souvent en couple avec enfants que les hommes (respectivement 31,5% contre 26,7%)”, établit le document. Elles sont aussi plus fréquemment confrontées au veuvage “en raison notamment d’une espérance de vie plus élevée, les femmes vivent plus souvent seules à partir de 65 ans et, après 85 ans, en institution”, apprend-on.

Les jeunes femmes quittent le domicile parental plus tôt que les hommes, à 20 ans 51% d’entre-elles résident encore chez leurs parents contre 66,8% des hommes du même âge. “La vie en couple est plus fréquente pour les jeunes femmes que pour les hommes. Entre 25 et 29 ans, 56,0% des femmes déclarent vivre en couple alors que seuls 29% des hommes sont dans ce cas (respectivement 61,7% et 43,5 % France entière). De 25 à 49 ans, la part des jeunes femmes qui vivent seules est nettement inférieure à celle des hommes”, expose l’INSEE.

Comme au niveau national, l’âge moyen des mères à l’accouchement augmente (29,1 ans en 2020 contre 27,4 ans en 2000). En 2020, l’indicateur conjoncturel de fécondité s’établit à 375 enfants pour 100 femmes en Guyane contre 182 au niveau national.

Les femmes gagnent 8,5% de moins que les hommes en Guyane

La part des femmes diplômées de l’enseignement supérieur dépasse celle des hommes. “L’écart est plus marqué entre 25 et 34 ans où 26,2% des femmes sont diplômées du supérieur contre 20,9% pour les hommes (53,5% et 43,3% au niveau national). Après 50 ans, les hommes sont davantage diplômés du supérieur que leurs homologues féminins”, lit-on.

En revanche parmi les personnes ayant un faible niveau de formation, les femmes sont moins souvent en emploi que les hommes. “13,9% des femmes âgées de 25 à 34 ans ayant au mieux un brevet des collèges déclarent occuper un emploi au recensement de la population contre 39,8% des hommes du même âge (respectivement 38,1% et 59,6% France entière). Cet écart en défaveur des femmes atteint 30 points chez les 35-49 ans”, détaille l’INSEE.

Les femmes sont plus exposées au chômage (14,6% contre 11,6%), leur taux d’activité est nettement inférieur à celui des hommes (61% contre 68,5%), et lorsqu’elles sont actives, 38% des femmes exercent un emploi à temps complet contre 56,2% des hommes. “Les femmes sont encore plus défavorisées sur le plan professionnel lorsqu’elles sont mères. Celles-ci sont plus souvent au chômage et inactives que les pères, quel que soit le nombre d’enfants. De plus, ce sont elles qui réduisent leur activité professionnelle. Quand elles ont la charge de trois enfants, seulement 20,4% d’entre elles occupent un emploi à temps complet (49,5% chez les pères de trois enfants) contre 45,5% des femmes sans enfants”, précise l’INSEE. Par ailleurs, les femmes gagnaient 8,5% de moins que les hommes en 2021 (26.900€ contre 29.400€), des écarts qui s’observent particulièrement chez les ouvriers (-19%) et les cadres (-15,4%) et qui s’accentuent avec l’âge. Les métiers les plus souvent occupés par les femmes sont les métiers d’enseignantes (12,5%), d’agents d’entretien (10%) et d’employées de la fonction publique (7,9%). Quand les hommes sont plus souvent des ouvriers non-qualifiés (16,3%) et militaires, policiers ou pompiers (6,1%) . En Guyane, femmes et hommes accèdent autant aux postes de cadre.

Les femmes sont moins nombreuses à participer à la vie associative sportive (seulement 32% des licenciés dans les fédérations sont des femmes). En matière de représentation politique, si la distribution des sièges est proche de la parité dans les conseils municipaux, les femmes ne représentent que 22,7% des maires du territoire.

(Claudia Ledezert)